Les bonnes fréquentations de Jordan Bardella
Le groupe "Patriotes pour l'Europe" est la formation d'extrême-droite au Parlement européen, qui compte quatre-vingt-quatre eurodéputés issus de douze États, soit 12% de la représentation parlementaire.
Les Français connaissent bien désormais le nom du nouveau président de "Patriotes pour l'Europe" puisqu'il s'agit de Jordan Bardella. Mais le nom de son vice-président italien n'évoque pas grand chose de ce côté-ci des Alpes : pourtant, le général Roberto Vannacci est un élu européen qui mérite l'attention.
Très ouvertement - et sans le moindre complexe - homophobe, xénophobe, antiféministe, anti-avortement, par ailleurs admirateur de Mussolini, le général Vannacci n'a pas hésité à publier un livre intitulé "Il Mondo a contrario" (le Monde à l'envers) pour exposer ses thèses mortifères.
Si l'on en doute, cet extrait devrait suffire à donner la mesure du personnage :
"Chers homosexuels, vous n’êtes pas normaux. La normalité, c’est l’hétérosexualité. Mais si tout vous semble normal, c’est à cause des [complots] du lobby gay international qui a banni des termes qui, il y a quelques années encore, figuraient dans nos dictionnaires : pédéraste, folle, inverti, tapette, emmanché, fiotte, tafiole, lopette, tarlouze, sodomite – qui sont aujourd’hui susceptibles de vous faire passer devant un tribunal."
Quant à ses positions ouvertement racistes, en voici une, au sujet de Paola Egonu, joueuse italienne de volley-ball d'origine nigériane :
"Paola Egonu est de nationalité italienne, mais il est clair que ses caractéristiques physiques ne représentent pas l’italianité."
Vannacci n'expose pas simplement ses conceptions haineuses, il en revendique hautement non seulement le droit, mais aussi la manière :
"Aussi exécrable soit-elle, la haine est un sentiment, une émotion qui ne peut être réprimée par un tribunal. Si nous sommes à l’ère des droits humains, alors je revendique haut et fort le droit à la haine et au mépris et la possibilité de les exprimer librement, sur un ton et d’une manière appropriés".
Jordan Bardella et Marine Le Pen ont certes déployé beaucoup d'efforts pour repeindre la façade du Rassemblement national (et même changer d'enseigne en abandonnant le nom de Front national), mais leurs alliances européennes, tout comme le nombre d'individus douteux qu'ils ont présentés aux élections législatives, montrent que leur bon vieux fonds de commerce n'a en réalité pas changé. RN rime bel et bien avec haine.