Au Rassemblement national, personne ne semble connaître Tamara Volokhova. En tout cas pas son président, Jordan Bardella, mis en difficulté au sujet de cette Franco-russe dans un débat télévisé le 25 juin 2024, en pleine campagne pour le premier tour des législatives.
Rappelons que l'une des idées du RN est d'empêcher les binationaux (ceux qui cumulent la nationalité française et celle d'un pays tiers) d'occuper certains postes sensibles dans la fonction publique. C'est un secret de Polichinelle : la mesure vise évidemment les Français d'origine maghrébine mais comme le RN est régulièrement accusé d'avoir trop de sympathie pour le régime de Vladimir Poutine, Bardella préfère habituellement illustrer cette partie de son programme en prenant l'exemple d'un hypothétique binational français et russe, qu'il ne voudrait pas voir diriger une de nos centrales nucléaires.
Lors du débat du 25 juin, son adversaire, Gabriel Attal, a eu la bonne idée (pour une fois) de lui soumettre le cas de Tamara Volokhova, citoyenne russe, française depuis 2020, au parcours trouble et indiscutablement lié à l'espionnage russe. Jordan Bardella s'est retrouvé incapable de la moindre réponse. Ne savait-il donc rien de Tamara Volokhova, pourtant conseillère du Rassemblement national au Parlement européen, sans cesse en rapport avec la sphère d'influence russe, proche d'Alexander Babakov, un conseiller de Poutine, d'Alexeï Kovalski, identifié par la DGSI comme un espion russe, mais aussi de Thierry Mariani, député européen RN qui soutient activement et ouvertement Vladimir Poutine et Bachar el-Assad ?
Tout cela n'empêche nullement Tamara Volokhova, dans le cadre de ses fonctions au sein du groupe Identité et Démocratie au parlement européen, groupe auquel appartient le RN, d'assister, selon Gabriel Attal, "à des réunions à huis clos avec des informations confidentielles sur la guerre en Ukraine".
Et cela n'a nullement empêché le RN, qui feint pourtant de ne la pas connaître, d'en faire son attachée de presse de ses eurodéputés, sa conseillère technique du groupe au sein de la commission des affaires étrangères et même sa candidate dans le Bas-Rhin aux élections départementales en 2021 et aux législatives en 2022.
Tamara comment, déjà ?