Et il avait pesé ses mots. Salime Mdéré, premier vice-président du conseil départemental de Mayotte, a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à 10.000 euros d’amende pour provocation à commettre un crime.
Alors qu'il intervenait sur une chaîne de la télévision publique (Mayotte la 1ère) au sujet des violences en cours début 2023 dans cette île française, il avait dit au sujet des fauteurs de troubles : « Ces délinquants, ces voyous, ces terroristes, il faut à un moment donné, il faut peut-être en tuer. Je pèse mes mots. Il faut peut-être en tuer ». Rappelons qu'à ce moment Gérald Darmanin avait monté une opération policière pour démolir des bidonvilles et expulser leurs habitants, qui avait donné lieu à une flambée de violence et n'avait pas résolu les problèmes de fond.
Mayotte est victime d'une pauvreté endémique qui entretient la violence : le taux des faits de vols et de violences y est trois fois plus fort qu'en métropole. L'île connaît une forte immigration clandestine qu'elle doit assumer seule et les immigrants avec un titre de séjour n'ont pas le droit de rejoindre la métropole alors qu'ils sont sur le territoire de la République. La Ligue des droits de l'Homme dénonce le fait que l'État cherche à "régler la situation de misère sociale par la répression et en désignant les étrangers en boucs émissaires. C’est parfait pour expliquer le non-investissement de la métropole dans ce territoire oublié de la République".
Qu'un élu local en appelle au meurtre en dit long sur l'impasse dans laquelle les politiques publiques se trouvent désormais.
"La seule manière de sortir de la violence consisterait à prendre conscience des mécanismes de répulsion, d'exclusion, de haine ou encore de mépris afin de les réduire à néant grâce à une éducation de l'enfant relayée par tous."
Françoise Héritier, anthropologue, ethnologue, féministe, femme politique, scientifique (1933
- 2017)
À Mayotte, un tiers des plus de quinze ans n'a jamais été scolarisé.
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